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LE JOURNAL DE MONTREAL - Le Slow Business, ce n’est pas travailler moins !



Le slow business, ce n’est pas travailler moins ! Cette philosophie fait le pari que le bonheur au travail - plutôt que la rapidité brute et les heures supplémentaires - permet d’être redoutablement productif en entreprise.


Il est au travail ce que le slow food est à l’alimentation : une idéologie à contre-courant qui donne la place au résultat plutôt qu’à la rapidité sans considération. Dans un monde où l’épuisement professionnel est légion, des entreprises se tournent vers ce modèle de développement des affaires et de gestion du personnel plus « slow », tout en restant efficace. L’initiateur du concept : Basecamp, un logiciel de gestion de projet. La compagnie, malgré ses centaines de millions de chiffre d’affaires annuel, est restée à l’échelle humaine : 43 employés au total et une philosophie qui dit tout : « Slow grow, stay small ».


Des affaires plus humaines.


À prime abord, on pourrait croire que le slow business est pour les paresseux. Il n’en est rien. En slow business, les compagnies mettent l’employé — un être humain et non pas un numéro — au centre des préoccupations de l’entreprise. Les salariés sont considérés dans les décisions de l’entreprise, un peu comme le fait l’Allemagne où la moitié des postes des conseils d’administration des compagnies sont occupés par des employés qui œuvrent sur le plancher, ce qu’on pourrait décrire comme le « bas de la hiérarchie ». Comme l’humain est central, on le chouchoute : on lui permet de se reposer dans un environnement adéquat, d’avoir accès à une bonne nourriture, de s’absenter en cas de besoin pour répondre à une urgence familiale... En mettant l’humain au centre de l’entreprise, on s’assure qu’il y règne une joie de vivre et on cultive ainsi le bonheur de travailler. Par le fait même, on fait le pari que l’employé se trouve dans le meilleur état possible pour être au sommet de sa productivité lorsqu’il arrive au travail.


Productivité assurée.


On a longtemps cru que rentabilité rimait avec vitesse. Or, ce n’est pas le cas. « Il faut plutôt être redoutablement efficace, en gérant le temps et les horaires pour laisser la place aux phases de réactivité et de décélération », explique l’auteur français Pierre Moniz-Barreto dans son ouvrage Slow Business — Ralentir au travail et en finir avec le temps toxique. Plutôt que d’être uniquement dans la vitesse et l’urgence, les employés décident de leur emploi du temps (à quel moment faire quelle tâche). Ils ne sont plus évalués en temps de présence, mais plutôt au résultat, ce qu’on appelle le ROWE, Results-Only Work Environment, une philosophie adoptée par 10 à 15 % des entreprises américaines. Des entreprises ont aussi compris l’avantage de laisser leurs employés décider de leur heure d’arrivée au travail. L’employé capitalise ainsi sur ses meilleures heures d’éveil et se repose dans ses moments les moins efficaces. L’urgence, l’excès de travail, les réunions qui n’en finissent plus, les interruptions... ces situations tuent la productivité et ne donnent pas envie d’aller au travail. Grâce au slow business, les entrepreneurs espèrent relever l’éthique des affaires. Un petit pas pour l’employé, un grand pas pour l’humanité.


Anabel Cossette Civitella


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